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Violences policières, vous en parler à coeur ouvert, les larmes aux yeux.

Pour une description et explication du projet du barrage Sivens :

http://www.collectif-testet.org/28+breve-presentation-du-barrage.html

Depuis plusieurs mois, des résistants campent sur la zone de construction du barrage, afin d'empêcher sa progression. C'était une lutte plutôt silencieuse, bien évidemment il n'était pas question pour les politiques et les acteurs de ce projet d'en parler dans les médias. Jusqu'à ce Samedi 25 Octobre 2014, jour d'une grande manifestation, avec des débats, concerts, ateliers, pour informer les gens sur ce projet et également afin de protester contre ce dernier.

Je devais m'y rendre, j'avais des amis à rejoindre et le covoiturage ok. Mais j'eus dans l'après-midi un mauvais pressentiment, et comme je suis toujours mon instinct, je n'y suis pas allée. Des affrontements opposant les manifestants et les policiers eurent lieu. Et durant la nuit, une grenade tua Rémi, un jeune militant botaniste de 21 ans, qui était venu pacifiquement selon ses proches. Il avait mon âge. Il était pacifiste. Ça aurait pu être toi, moi, ta petite amie, ton meilleur pote ou ton frère.

Depuis, le scandale a éclaté, le projet Sivens et la mort de Rémi sont devenus les petits bijoux des médias, et de multiples manifestations et luttes ont pris de l'ampleur.

Je ne souhaitais pas en parler, car malgré ma participation aux manifestations récentes à Toulouse, je ne me sens pas suffisamment impliquée dans cette lutte et n'ai pas la prétention de dire tout savoir sur le sujet, au contraire. Mais j'ai fait ce rêve horrible où j'ouvrai la porte d'une pièce dans laquelle des policiers torturaient mes amis de manières diverses et variées suite à une manifestation en hommage à Rémi. Je crois donc qu'il est temps pour moi d'en parler, de ces violences policières.

Je ne veux pas faire de polémique. Juste dire mon ressenti suite à ce que j'ai vu durant les manifestations. Qu'est-ce que j'ai vu?

Un regroupement de personnes de tout âge et de tout style, qui souhaitent rendre hommage à Rémi, dénoncer les violences policières et protester contre le projet Sivens, qui continuait depuis des mois malgré l'opposition de la population. Des personnes PACIFISTES. Il ne faut pas le nier, il y en a toujours qui viennent aux manifestations pour provoquer les forces de l'ordre (quelle expression horrible quand on y pense), leur chercher la bagarre, leur lancer des pétards ou je ne sais quel type de bombes fabriquées maison. Mais la majorité des personnes sont pacifistes, avec la rage au coeur et l'envie de lutter c'est sûr, et c'est légitime, mais pacifistes!!!

Et les flics dans tout ça? Super-équipés, protégés, armés, car oui ce sont des armes.

1ère manifestation : apparemment illégale, seul le regroupement était autorisé. Super la liberté d'expression. Donc dès le début, ils bloquent les rues et nous empêchent d'avancer, ce qui crée une incompréhension générale. Nous trouvons une rue libre pour marcher. Très vite, les gaz lacrymogènes sont lancés. Au bout d'un moment, je souhaite quitter la rue principale de la manifestation car je vois de la fumée au fond. Demi-tour, je rejoins une autre petite rue, il y a aussi de la fumée. Autre petite rue, fumée également. Impossible d'en sortir. L'hélicoptère rode au dessus de nos têtes, comme pour analyser où est-ce qu'il est possible de nous concentrer pour nous gazer. Un peu plus tard, dans une importante rue de Toulouse où étaient ouverts des cafés, où des gens étaient tranquillement assis en terrasse, où se trouvaient des manifestants, mais aussi des familles, des personnes âgées, bref des personnes totalement hors de la manifestation, ils jettent de nouveau des gaz lacrymogènes. Beaucoup de gaz lacrymogènes. Voir des femmes voilées avec leur poussette hurler, des papis et mamies essayer de courir. Les flics chargent. Face à au moins 50% de personnes qui n'ont rien à voir avec la manifestation. J'y serai restée 4h, 4h à me dire "et c'est ça, liberté égalité fraternité?". Alors je regarde les flics et avec ma guitare, leur chante Bella ciao.

2ème manifestation, j'y arrive beaucoup trop tard. Mais suffisamment tôt pour pouvoir constater qu'ils ont concentré les manifestants dans les allées Jean Jaurès, et qu'ils sont totalement plongés dans un nuage de fumée. Le groupe de manifestants est entièrement entouré par des barrages de flics, toutes les rues annexes sont bloquées, il est très difficile d'entrer dans la manifestation. Je rencontre un jeune couple et on décide d'y aller, on s'approche d'une rue, les flics nous demandent où on va, nous répondons "chez nous". Ils laissent passer la fille, et sans aucune raison bloquent le jeune homme, vérifient son sac à dos et font un contrôle d'identité. Serait-ce pour ses cheveux un peu trop longs ou son pantalon un peu trop large? Ou car, c'est un homme? Ils lui parlent très mal, presque irrespectueusement. Je suis outrée de voir qu'encore une fois, avec ma tête d'aryenne, mes dreads cachées et mes petits talons, j'échappe aux regards soupçonneux des flics. Je leur demande la tête haute et les yeux droit dans les yeux si moi, je peux passer, et la réponse est évidemment oui. Une fois arrivée sur la place la plus proche de la manifestation, je n'ose m'aventurer dans la mer de fumée, et me contente de donner de l'eau et des dolipranes aux manifestants gazés qui pleurent, ne voient plus rien, et me répètent qu'ils sont pacifisites et voulaient juste manifester tranquillement. Furent lancés non seulement des gaz lacrymogènes mais aussi du gaz au poivre.

Est-il nécessaire de parler de la vidéo où des policiers tabassent et enlèvent presque entièrement le pull et le tee-shirt d'une jeune femme que l'on voyait traverser tranquillement la rue quelques secondes avant. Ou de celle où des manifestants sont assis pacifiquement et où les flics balancent les gaz lacrymogènes sans aucune raison, et tabassent à coup de pieds et matraque un monsieur assis sur le bord du trottoir. Et je ne parle ici que des vidéos, et que de Toulouse. Je n'omets pas les blessés par flashball, grenades, et toutes les autres armes utilisées, létales et non létales, dont je préfère ne pas connaître le nom et l'existence, les humiliés, les gardes à vous, les mois de prison, pour avoir manifesté ou brisé une malheureuse vitre.

Pour être sincère, je pleure en terminant cet article. Honte de ma France. Honte de ces politiques qui nous manipulent, de ce système malsain qui ne profite qu'à une minorité, de ces médias qui nous mentent et nous font passer pour les méchants. Honte de voir ma terre, Pachamama, souillée et détruite pour toujours plus de profit. Honte de voir autant d'atteintes aux droits de l'homme.

Mais malgré tout je souris parmi les larmes, fière et heureuse de voir la solidarité, l'entraide, le soutien qui existent, pour ces causes qu'il faut défendre et qui nous sont communes à tous. Fière et heureuse de voir ces manifestations, ces blocus, ces campements, ces hommages, ces banderoles, ces tags, ces peintures, ces pages facebook, ces slogans, ces sourires et ces larmes, cette révolte qui nous rappellent que el pueblo unido jamás será vencido.

Page facebook où suivre l'avancée des choses : https://www.facebook.com/ripremifraisse?ref=ts&fref=ts

Ainsi que les manifestations de Samedi 22 Novembre 2014.

Et comme nous sommes tous frères, voici la page facebook de photographie d'un ami à moi chilien très engagé : https://www.facebook.com/fotomafiacallejera?fref=ts

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