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Oui, je sais, cette histoire a déjà été sujette à de nombreux articles et textes. Mais, voilà : non seulement je considère que l'atrocité qui a été commise mérite tous les écrits du monde car il est important de DÉNONCER, mais en plus de ça j'ai besoin d'écrire et de partager ma peine pour accepter que ça soit réel et (essayer d') aller mieux.
J'étais à Barcelone quand j'ai appris cette terrible nouvelle. Difficile d'être loin des siens, de ne pas pouvoir voir ses proches, aller aux rassemblements. Mais pas plus difficile que de comprendre que, oui, c'est la vérité, et non pas un affreux cauchemar.
J'ai grandi en regardant ces dessins.
Mon enfance est peuplée de ces caricatures, qui, au fur et à mesure, m'ont enseigné indirectement et avec humour l'actualité, la politique, les problèmes liés aux religions, les sujets tabous, la culture. Charlie Hebdo était acheté régulièrement, trônait sur les tables et dans les bibliothèques de la maison familiale.
Et, quoi, comment, pardon ??? On a tué Charlie ? Où es-tu Charlie ? Es-tu réellement réduit en poussière, par le fruit de la haine humaine ? Si on t'a tué, on a aussi tué la liberté de la presse, la liberté d'expression... Alors, non, je n'y crois pas. Je n'arrête pas de pleurer, mais je n'y crois pas. Je vois les photos, les vidéos, les infos, les articles, les statuts, la phrase de soutien « Je suis Charlie », les rassemblements, les journaux laissés dans le métro, les bougies qui brillent, les minutes de silence, j'entends les cris de souffrance et je sens les larmes qui coulent sur les joues de mes camarades français et du monde entier, mais je n'y crois pas. Je ne veux pas y croire.
La seule chose que je crois...
Je ne sais plus ce que je crois.
Je me demande juste... Qui a fait ça ? Islamistes ou complot de l'extrême droite ?
Je ne souhaite pas rentrer dans le sujet, non seulement car je n'y connais rien, mais aussi car je pense que nous ne saurons jamais la vérité, nous, simples et pauvres citoyens... La société d'aujourd'hui est telle qu'elle pourrait me, nous rendre paranoïaques et effrayés. À tous les niveaux : à propos de la société en elle-même, ou à propos d'Autrui.
Encore et toujours, revient à moi la question suivante : peut-on faire confiance à ce que nous dit la presse actuelle, peut-on réellement croire ce qui nous est dit sur l'identité des prétendus assassins ? Cette question associée à la campagne de terreur de l'Islam qui grandit de mois en mois en France et en Europe, tout comme monte sans cesse le nombre de partisans du Front National.
Pour parler très intimement, je suis littéralement transportée par la solidarité nationale que chacun d'entre nous peut constater depuis hier. Elle me fait pleurer, me réconforte, me fait du bien, me fait planer, très concrètement. Me donne envie de garder espoir... Jamais je n'aurais cru que l'information circulerait aussi vite, que les rassemblements seraient si imprévus et immenses, que le monde tout entier se mobiliserait à ce point, que les réseaux sociaux, internet et les rues soient remplis de phrases, dessins et photos de soutien.
Cette histoire m'atteint trop, je suis trop sensible, j'ai peur de rester bloquée. J'ai mal, au cœur, à la tête, au ventre, aux yeux. J'ai l'impression d'être défoncée, d'avoir la gueule de bois, de sortir d'une énorme angine.
Une chose que j'espère si l'identité des assassins est confirmée ; que les gens ne fassent pas d'amalgame. Si ce sont vraiment des francos-algériens / des islamistes qui ont commis ce crime, j'espère de tout mon cœur que les gens ne sont pas suffisamment dans l'ignorance, pitié, pour mettre tous les musulmans dans le même panier que ces assassins. Il existe des cons partout, chez les musulmans, les chrétiens, les bouddhistes, les athées, et j'en passe.
S'il vous plaît, peuple français, citoyens du monde : par respect et en hommage aux victimes, - Adèle je reprends ta formule car elle est vraiment parfaite - , unissons-nous et respectons-nous, et ne créons pas plus de violence qu'il n'en existe déjà...